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Psychologie du haut potentiel

Le HPI

Les personnes à haute potentialité 

HPI  ET COGNITION​

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Un fonctionnement intellectuel atypique 

Les personnes ayant HPI se distinguent notamment par des capacités cognitives bien supérieures à la moyenne de la population générale. Ils possèdent un QI supérieur ou égal 130. Ce seuil est rare, il est retrouvé chez seulement 2,3% de la population.  

 

Des profils hétérogènes aux échelles de Weschler

Selon Labouret et Grégoire (2018) les personnes à haut potentiel intellectuel présentent pour beaucoup d'entre eux des profils hétérogènes. On observe certaines tendances lors des évaluations avec les échelles de Wechsler. L'indice de raisonnement fluide et l'indice de raisonnement verbal sont très élevés tandis que l'indice de mémoire de travail et l'indice de vitesse de traitement se situent autour de la moyenne. Toutefois, ces mêmes auteurs s'interrogent sur la signification réelle d'un tel profil, la conception de ce test questionne. D’une part, l'étendue des scores constatés pour l’étalonnage de cet outil psychométrique fluctue peu en comparaison avec les versions antérieures des échelles d’intelligence de Wechsler. D’autre part, les scores obtenus qui déterminent un tel profil sont issus de données provenant de la population générale et sont donc « prédits selon un modèle linéaire ». De ce fait, les hauts potentiels intellectuels présentent un profil qui se distingue indéniablement du reste de la population sur le plan quantitatif, mais rien ne peut affirmer qu’il l’est sur le plan qualitatif (Labouret et al., 2018). 

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Un développement cognitif rapide

L’étude longitudinale rétrospective menée dès la maternité sur des enfants au développement typique par Vaivre-Douret (2004a, 2004b, 2011) avait pour finalité de décrire les caractéristiques développementales d'enfants possédant un haut potentiel intellectuel. L'échantillon compte 60 enfants qui ont été identifiés comme tels à l’âge de 3 ans sur la base d'un Q.I. supérieur ou égal à 130 par le biais de tests psychométriques de « Weschler ». Les données développementales recueillies sont issues de plusieurs échelles. Les résultats suggèrent une apparition « séquentielle » et « précoce » de certaines compétences. Elles seraient assimilées avant l'âge de 3 ans et dans divers domaines (cognitif, moteur, sensoriel, langagier...).

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Un cerveau qui fonctionne de manière plus efficace

Les personnes à haut potentiel intellectuel disposent de ressources cognitives accrues qui leur permettent notamment de traiter une densité d'information nettement plus importante et de manière plus rapide (Gibert et Dumay, 2018). Selon Gibert et al., (2018), plusieurs recherches menées sur le fonctionnement du cerveau des personnes ayant un HPI indiquent que de multiples zones du cerveau seraient activées constamment et conjointement. Cette tendance expliquerait probablement la raison pour laquelle les personnes HPI sont en quête permanente de stimulation intellectuelle intellectuelle (Gibert et Dumay, 2018).

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Une pensée en arborescence

Les personnes ayant un haut potentiel sur le plan intellectuel disposent de capacité d'abstraction importante. Dès lors, elles pourraient avoir une faculté de penser en arborescence. Inlassablement, une idée en génère une autre. Concrètement, une idée générale peut être déclinée simultanément en catégorie et ainsi de suite (Gibert et Dumay, 2018)..

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HPI ET SANTÉ MENTALE

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Les enfants comme les adultes sont davantage concernés par des troubles de l'humeur et des troubles anxieux

Une recherche menée en 2015 par Lancon et al. avait pour finalité d'étudier entre autres, les comorbidités psychiatriques d'adultes disposant d'un haut potentiel intellectuel. Cette étude s'est déroulée à l'hôpital de Marseille auprès de 20 participants ayant une moyenne d'âge de 40,8 ans. D'après les résultats de cette recherche, 75 % des participants auraient déjà vécu au cours de leur vie, un épisode dépressif majeur. En outre, 21 % de l'échantillon rencontraient au moment de l'étude un épisode dépressif majeur. De plus, une majorité des participants (57,1%) sont atteints de troubles anxieux. Enfin, l'estime de soi et la qualité de vie sont également des indicateurs mesurés dans cette recherche. Selon les résultats issus des données collectées au questionnaire de Rosenberg, l'estime de soi des personnes HPI faisant partie de cette étude était plutôt basse. D'après les conclusions des auteurs, la fréquence des difficultés psychiatrique est notable chez les adultes ayant un haut potentiel. Cependant, les résultats issus de cette recherche sont à nuancer et ne peuvent être généralisés à l'ensemble de la population des personnes ayant un HPI. D'une part, une partie des données collectées pour cette étude provient de questionnaire. D'autre part,  les conclusions d'autres études entreprises sur cette thématique sont contradictoires (Lancon et al., 2015).

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En 2019, une étude sur la santé mentale des enfants scolarisés au primaire et au collège a été publiée. Dans cette optique, 360 élèves avec un haut potentiel ont participé à cette recherche. Chacun d'entre eux a été invité à remplir un questionnaire, le MDI-C. Cet outil est constitué de huit indicateurs qui évaluent la dépression. Les résultats indiquent que 47 % des enfants sont impactés par une dépression et 21 % des élèves présentent un risque suicidaire. Les participants HPI touchés par des troubles de l'humeur sont davantage confrontés à des troubles des apprentissages et cela concerne notamment le domaine de la lecture. Les chercheurs qui ont mené cette étude ont identifié de multiples facteurs pouvant être associés à la dépression des enfants. Pour les élèves qui sont scolarisés en primaire, on retrouve notamment des facteurs d'ordre sensoriel, développemental, attentionnel et relationnel. En ce qui concerne les collégiens, on recense des facteurs liés à des aspects relationnels, attentionnels ainsi qu'à des difficultés en lecture. Comme il a été mentionné pour l'étude précédente, des résultats de cette recherche sont interprétés avec beaucoup de recul. La fiabilité des données collectées par questionnaire peut être remise en question. Des conclusions ne peuvent être généralisées à l'ensemble de la population des enfants disposant d'un HPI. (Vaivre-Douret, 2019).

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HPI ET RELATION AMOUREUSE

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Aucune différence n'est mise en évidence dans la qualité des relations affectives

Une étude de Dijkstra, Barelds, Ronner, et Nauta (2017) menée sur 196 personnes ayant un haut potentiel intellectuel, fournit des éléments intéressants. Son objectif était d’observer des différences dans la qualité des relations amoureuses mesurées à l’aide du « Relationship Questionnaire » (Bartholomew et Horowitz, 1991). En comparaison avec des participants ayant un développement typique, les conclusions de cette recherche ne mettent en évidence aucune différence dans la qualité des rapports affectifs concernant les personnes ayant un HPI. Les données collectées indiquent donc un indice de satisfaction similaire à l'égard de leurs partenaires. Cependant, les individus ayant un HPI avaient plus de difficultés légèrement plus marquées pour résoudre les conflits au sein de leur couple. La stratégie employée par les personnes avec un haut potentiel lors d'un différend avec leurs partenaires est plus axée sur de l'évitement (Dijkstra et al., 2017).

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Les adultes avec un HPI susceptible d'appréhender davantage le rejet de leurs partenaires

Dans cette même recherche publiée par Dijkstra et al. (2017) les participants ont été invités à repérer parmi quatre descriptions celle qui leur correspondait le mieux au sujet de leurs relations affectives actuelles. Les adultes ayant un HPI se sont davantage identifiés aux styles d’attachement craintif.  Les auteurs de cette recherche soulignent que les personnes disposant d'un HPI pourraient appréhender davantage le fait d’être rejetée par leurs partenaires et par ailleurs, elles auraient peur de souffrir émotionnellement. Toutefois, contrairement aux participants tout-venant, le style attachement craintif des personnes ayant un HPI n'a pas de répercussions sur la qualité de leurs rapports affectifs (Dijkstra et al., 2017).

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Le HPI, un diagnostic ?

Le HPI, un diagnostic ?

Une identification par le biais de tests psychométriques

En France, on se réfère actuellement aux critères établis par l'Organisation Mondiale de la Santé pou repérer une personne avec un haut potentiel. Un enfant, un adolescent et un adulte dispose d'un HPI lorsque son QI est supérieur ou égal à 130 .    Quand le quotient intellectuel est supérieur ou égal à 145, on parle de THPI. Cette évaluation s'effectue nécessairement par le biais de tests ayant fait l'objet de validation. Ce mode d'identification fait l'objet de nombreuses controverses car il reste très réducteur;

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Le HPI n'est pas une maladie

Ces normes établies par l'OMS servent de repères. Un "HPI" ne se diagnostique pas, ce n'est pas une maladie donc il n'y a pas de symptômes. Les personnes qui disposent d'un fonctionnement intellectuel atypique peuvent avoir une sensibilité unique ainsi qu'une aptitude à penser et à réfléchir qui diffère.

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Douance et hypersensibilité

Dans notre société contemporaine, la thématique du haut potentiel intellectuel est très souvent associée à une hypersensibilité. Les personnes surdouées auraient une capacité accrue à percevoir les stimuli sensoriels (goût, odeur, son). Sur un plan émotionnel, ils pourraient également manifester d'intenses réactions (Gauvrit et Clobert, 2021).  Dabrowski souligne l'importance de l'intensité avec laquelle les expériences quotidiennes sont vécues et suggère le concept d'hyperexcitabilité (Dabrowski et al., 1977). Il se définit comme une réponse d'une intensité fluctuante, parfois aux antipodes à des stimuli internes et externes (Probst et al., 2012). Cette hyperexcitabilité  se manifesterait dans cinq grands domaines : psychomoteur, sensoriel, imaginaire, intellectuel, émotionnel (Dabrowski et al., 1977).​ 

 

Toutefois, pour le moment il n'est pas possible d'affirmer qu'il existe un lien entre sensibilité émotionnelle accrue et haut potentiel intellectuel. Certaines recherches scientifiques indiquent que les personnes qui disposent d'un haut potentiel intellectuel auraient des facultés plus importantes en matière de discrimination sensorielle. Il s'agit notamment de la capacité à percevoir la fréquence des sons émis. En ce qui concerne la sensibilité émotionnelle, elle serait un peu plus élevée chez les personnes ayant un haut potentiel intellectuel. Cependant, les résultats des études qui ont été menées actuellement sur ce sujet sont contradictoires. Une sensibilité émotionnelle élevée est une caractéristique fréquente qui est retrouvée chez environ 20% de la population. Pour autant, ce n'est pas un attribut permettant d'identifier un haut potentiel intellectuel (Gauvrit, et Clobert,2021).

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Des facultés intellectuelles très importantes associées à une sensibilité élevée est une expérience singulière qui varie selon les stratégies mises en place et les croyances de la personne. Il y en a qui considère ces particularités sensorielles et émotionnelles comme étant une force et un point d'appui. Pour d'autres, cette sensibilité alimente cette impression de se sentir en marge de la société (Gauvrit, et Clobert,2021).

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Être reconnu comme une personne disposant d'un HPI : une source d'apaisement

Déceler un haut potentiel intellectuel peut être vécu par certains comme une forme de soulagement. Bien souvent, le fait de pouvoir poser des mots sur sa singularité est source d'apaisement. Cette façon de fonctionner, cette manière de ressentir les événements et cette capacité de raisonnement qui pouvait être perçu jusque-là comme irrationnel, trouve enfin une explication. La personne en question ne se sent plus seule  (Gibert, N. & Dumay, P. 2018).  Dès lors, savoir que l'on possède un haut potentiel intellectuel peut favoriser l'intégration dans la société.

Suspicion d'un HPI : les signes

Suspicion d'un HPI

Pas de signe clinique prédominant pour détecter un HPI

La passation d'un test de Q.I. reste incontournable pour identifier un HPI. Avant d'entreprendre une telle démarche, de nombreux signes observés au quotidien peuvent questionner la personne concernée ou l'entourage familial sur l'éventualité d'un HPI.  Un signe ne suffit pas pour évoquer d'emblée un haut potentiel sur le plan intellectuel, seul un faisceau de signes relativement étayés peut permettre de suspecter un HPI chez une personne (Gibert, N. & Dumay, P. 2018). 

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Le potentiel intellectuel, un signe à prendre en considération

Les facultés intellectuelles constituent un des premiers signes qui doit attirer l'attention des parents et des professionnels. Les enfants qui disposent d'un HPI ont bien souvent de très bons résultats scolaires. Ils mémorisent leurs leçons avec une facilité et une aisance parfois déconcertante. Toutefois, situer le niveau de performance intellectuelle de son enfant n'apparaît pas toujours comme une évidence. Les élèves ayant un HPI peuvent rencontrer les troubles des apprentissages qui dissimulent leur potentiel cognitif.

 

Bien souvent, les enfants qui présentent un HPI parviennent à traiter aisément des problèmes complexes. Ils possèdent des aptitudes réflexives et des facultés de raisonnement logique qui sont bien plus importantes que leurs pairs (Gauvrit, et Clobert,2021).

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Les passe-temps permettent également de récolter des indices additionnels. Les enfants qui disposent d'un HPI peuvent avoir des attraits qui favorisent l'expression de leurs facultés cognitives (jeux de logique, littérature). Pour autant, les personnes ayant un haut potentiel ne se limite pas à un centre d'intérêt spécifique. Ils peuvent s'intéresser à une très grande variété de domaines comme la cuisine, l'art, et le sport par exemple (Gauvrit, et Clobert,2021).

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UN FAISCEAU DE SIGNES SUFFISAMMENT ÉTAYÉS

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Domaine développemental

  • Le développement cognitif est très rapide notamment en ce qui concerne les compétences verbales et les habiletés sociales

  • La lecture est acquise de manière précoce tandis que l'écriture peut être plus tardive

  • Attrait pour des jeux plus complexes que ceux des enfants du même âge

  • Un intérêt marqué pour les sujets existentiels

  • Les épreuves qui impliquent de la persévérance et de la rigueur peuvent être difficiles

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Domaine scolaire 

  • Le traitement de l'information s'effectue de manière globale et non de manière séquentielle. C'est une particularité régulièrement observée par les enseignants

  • Esprit de synthèse et d'abstraction

  • Capacité de raisonnement élevé,

  • Facultés de mémorisation élevée

  • Grande aisance pour s'exprimer oralement

  • Une curiosité bien souvent accrue

  • Besoin de stimulation intellectuelle permanente

  • Intérêt pour des thématiques diverses ou attrait restreint pour un sujet précis

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Domaine social

  • Recherche relationnelle avec des adultes ou des enfants plus âgés

  • Attentif aux valeurs morales : le sens de la justice est prégnant la recherche de la vérité l'est tout autant 

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Sur le plan du tempérament​

  • Perfectionnisme

  • Empathie élevée

  • Hypersensibilité sensorielle et émotionnelle

L'intérêt du dépistage des élèves HPI

Le dépistage

Le dépistage des enfants surdoués, une nécessité ?

Dans les établissements scolaires français, il y aurait actuellement environ 200 000 des élèves âgés 6 à 16 ans qui disposeraient d’un haut potentiel intellectuel. Ce qui équivaut approximativement à 2,3 % de la population française (Tordjman et al. 2018).

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Actuellement, il n'y a pas véritablement de convergence sur cette question dans la littérature. Cependant, lorsque les professionnels d'un établissement ou les partenaires extérieurs émettent l'hypothèse qu'un enfant serait susceptible de disposer d'un haut potentiel intellectuel, entreprendre une démarche pour identifier possiblement un HPI est une question qui mérite réflexion. Dans les cas où un élève rencontre des difficultés relativement importantes (sur le plan scolaire, comportemental et social), il serait préférable de prendre rendez-vous avec un psychologue spécialisé en la matière pour avoir une réponse claire sur cette interrogation (Gibert, N. & Dumay, P. 2018). Le fait de réaliser un bilan cognitif est une source d'information importante pour comprendre le fonctionnement d'un enfant. Il permet également de mieux cerner quels sont ses difficultés. Enfin, il participe à diagnostiquer certains troubles neurodéveloppementaux qui apparaissent dans la période de développement (TDAH, autisme ASPERGER).

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Mieux comprendre l'origine d'éventuelles difficultés

Il peut être compliqué pour les parents et les proches de repérer d'éventuelles difficultés chez un enfant ayant un HPI.  Les élèves HPI disposent d'une aptitude singulière à traiter l'information. Certains d'entre eux peuvent donc briller dans un domaine en particulier comme les mathématiques et les sciences par exemple. Ils ont également une faculté pour développer instantanément de nouvelles stratégies pour s'adapter à une situation donnée.  Les enfants ayant un HPI ne souhaitent pas forcément attirer l'attention. Dès lors, ils peuvent s'appuyer sur leur capacité singulière pour dissimuler d'éventuelles difficultés (Vaivre-douret, 2019).

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Bien que les élèves ayant un HPI se démarquent par des capacités intellectuelles notables. Certains d’entre eux ne sont pas épargnés par les difficultés scolaires. D’après les données du centre national d’aide pour les enfants et adolescents à haut potentiel (CNAHP) , 76 % des 611 enfants accompagnés au sein de cette structure rencontrent des difficultés sur le plan scolaire.  Ces difficultés scolaires se manifestent par des troubles du comportement (67%), des troubles des apprentissages (28,8%) et se caractérise également par des redoublements actés par l’équipe pédagogique (4,4%). La vocation du CNAHP est de recevoir des enfants avec un haut potentiel en difficulté. Dès lors, la teneur de ces données doit être nuancée et ne peut pas être généralisée à l’ensemble de cette population (Tordjman et al. 2018).

 

Une étude scientifique menée par Reis et MaCoach (2000) converge en ce sens. Certains élèves disposant d'un HPI peuvent être en difficulté durant leurs scolarités . Des difficultés qui seraient "incompatibles" avec leur fonctionnement cognitif.  Les auteurs expliquent cela par un phénomène de sous réalisation. La cause exacte de ce constat n'a pas encore été identifiée (TDAH ? Une question de motivation ou de démotivation ?).

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Un bienfait pour la construction identitaire

De nombreux élèves qui présentent HPI ont également un parcours sans difficulté apparente (que ce soit sur un plan familial, scolaire, comportemental et social). Certains enfants ayant un haut potentiel intellectuel peuvent avoir rapidement l'intime conviction d'être une personne sensiblement différente des autres et en marge de la société. Cela peut entraîner de nombreuses questions qui restent sans réponse. Ce qui peut engendrer une forme de solitude intérieure. Identifier un haut potentiel est une démarche qui va permettre d'éclaircir en partie ces interrogations et qui va contribuer également à mieux comprendre certains aspects de sa personnalité (Gibert, N. & Dumay, P. 2018). 

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Une aide pour les parents, l'entourage et les partenaires

L'entourage d'un enfant qui dispose d'un HPI peut attendre de celui-ci qu'il se conforme aux normes établies dans la société. Toutefois, de par sa singularité, cet enfant peut potentiellement ne pas être en mesure de comprendre et d'adopter les codes sociaux communément admis dans notre société contemporaine ou dans une culture donnée. Le fait de savoir qu'un enfant possède en haut potentiel intellectuel va permettre aux parents de mieux comprendre sa manière de fonctionner. En parallèle, ils seront davantage en mesure d'ajuster leur comportement et leurs attentes vis-à-vis de lui (Gibert, N. & Dumay, P. 2018).

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Favoriser l’épanouissement scolaire des enfants surdoués

La scolarité

 

Les dispositifs d’accompagnement scolaire des enfants ayant un haut potentiel

Depuis la promulgation de la loi de 2005, l’école a pour mission de répondre aux besoins éducatifs spécifiques des élèves scolarisés en milieu ordinaire et plus particulièrement les enfants en situation de handicap. Depuis 2019, le cadre de cette loi a été étendu. L’école a donc désormais vocation à prendre en considération les besoins éducatifs particuliers des élèves qui rencontrent des difficultés d’apprentissage, des enfants atteints de maladies, des élèves disposant d’un HPI (Buard et al,. 2021).

 

Plusieurs dispositifs d’accompagnement ont été instaurés et évalués par les pouvoirs publics en vue d’aménager la scolarité des élèves ayant un haut potentiel.

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  • La différenciation : cette méthode consiste à fournir du travail supplémentaire à un élève HPI qui pourrait éprouver de l’ennui en classe (Gauvrit et Clobert, 2021).

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  • Le regroupement :  l’objectif de ce dispositif est de regrouper des élèves d’un même niveau scolaire et/ou qui partage un centre d’intérêt commun afin de créer une émulation collective. Les bénéfices de cet aménagement sont moyens selon les études qui ont évalué ce dispositif (Gauvrit et Clobert, 2021).

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  • L’enrichissement : l’objectif est d’ajouter en parallèle du cursus scolaire classique, des activités ludiques, de logique ou culturel. La finalité de cet aménagement est de créer, en dehors des disciplines scolaires, un environnement propice au développement des enfants ayant un haut potentiel intellectuel. D’après les conclusions des recherches, l’enrichissement favoriserait les résultats scolaires, le bien-être et la volonté d’entreprendre une carrière à dominance intellect (Gauvrit et Clobert, 2021).

 

  • L’accélération : l’objectif est d’étudier sur une durée plus courte les enseignements scolaires mis en place par l’éducation nationale.  Pour ce faire, la méthode employée est souvent le saut de classe. Selon certaines recherches, cet aménagement s’avère bénéfique lorsqu’il est mis en place de manière judicieuse. (Le développement psychoaffectif de l’enfant est un facteur qui est à prendre en considération lorsque l’on propose ce dispositif. Le développement psychoaffectif traduit la faculté de l’élève à pouvoir entre autres communiquer, s’intégrer et être serein vis-à-vis des autres élèves de sa classe qui seront plus âgées que lui (Gauvrit et Clobert, 2021).

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Le mentorat, un dispositif à explorer 

Le mentorat est un dispositif qui a démontré son efficacité aux États-Unis. D’une part, il contribuerait à développer les compétences des élèves en matière de régulation émotionnelle. D’autre part, il aurait des effets bénéfiques sur les performances scolaires (Rhodes 2005, cité Buard et al,. 2021). Avec ce dispositif, l’enfant surdoué à la possibilité de choisir un adulte qui aura pour vocation de l’accompagner à l’école tout au long de l’année. Les principales missions du mentor consistent à apporter à l’élève concerné du soutien sur le plan psychologique, mais surtout une aide dans la compréhension des interactions sociales. Les recherches sur cette thématique sont peu nombreuses en France pour le moment (Buard et al,. 2021).

 

Les travaux de Buard et al,. (2021) apportent néanmoins, un éclairage intéressant.  Pour ce qui est de la procédure, cette recherche a été menée au sein de cinq collèges situés en français proposant ce type de dispositif. En outre, 66 collégiens ont participé à cette étude. Les données collectées issues de questionnaires avaient pour objectif de constituer des profils d’enfants avec un haut potentiel scolarisés au collège en y associant deux variables : la qualité du lien entre le mentor et l’élève surdoué ainsi que les bénéfices perçus de ce dispositif. D’après les résultats de cette recherche, un groupe d’élèves (constitués de 33 enfants ayant un HPI) indique avoir un lien de qualité avec leur mentor et reconnaît les bénéfices de ce type d’aménagement (Buard et al,. 2021).

 

Les conclusions de cette recherche laissent entrevoir que le mentorat pourrait être dispositif judicieux pour les élèves avec un HPI qui aurait besoin d’un accompagnement personnalisé durant leur scolarité. Toutefois, il convient de rester nuancé quant à la teneur de ces résultats. D'une part, les données de cette recherche ayant été collectées principalement à l’aide de questionnaires. D'autre part, les recherches sur cette thématique sont peu nombreuses en France pour le moment.

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Les cycles EIP

Certains collèges et lycées français proposent des classes destinées exclusivement à des enfants intellectuellement précoces ou ayant un haut potentiel intellectuel. Ces établissements proposent à leurs élèves un enseignement individualisé et/ou un aménagement spécifique. Ce type d’accompagnement fait référence au dispositif de regroupement mis en place par l’éducation nationale et a été conçu dans le but d’engendrer une émulation collective.

 

Les écoles EIP

Il y existe également des établissements privés qui accompagnent uniquement des enfants avec un haut potentiel intellectuel scolarisés en primaire, collège ou lycée.  Ces structures peuvent être également nommées comme étant des écoles alternatives. Pour accompagner au mieux ces jeunes élèves surdoués, l’effectif de ces classes est de taille réduite et le personnel dispose d’une formation spécifique.

 

L’objectif de ces établissements n’est pas centré uniquement sur les apprentissages scolaires. En instituant une pédagogie alternative, la finalité de ces structures est de créer un environnement propice au développement des enfants surdoués. Chaque enfant est accueilli avec sa singularité. Il peut être mis en place un projet personnalisé entre l’établissement, la famille et l’enfant. Ces écoles ont aussi pour vocation de participer au développement des compétences de l’élève. Cela peut concerner l’autonomie, la régulation émotionnelle, les habiletés sociales et le développement des talents par exemple.

 

Vous pouvez trouver la liste de ces structures en cliquant sur le lien 

Concrétiser ses potentialités 

Exprimer son potentiel

Haut potentiel, talent et réalisation

Un QI élevé donne des indices sur les prédispositions intellectuelles d’une personne. Néanmoins, avoir des aptitudes exceptionnelles n’est pas l’unique composante qui permettrait d'élucider l’expression d’un don.  Il y a plusieurs facteurs qui contribuent à utiliser pleinement son potentiel. Une personne peut disposer de ressources cognitives conséquentes sans pour autant les mettre à profit pour réaliser des performances de haut niveau ou accomplir des tâches complexes. Dès lors, on peut être qualifié de « haut potentiel » sans pour autant disposer de talent ou de don (Gauvrit et Clobert, 2021).

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Des rencontres salvatrices

Au cours de la vie, de nombreuses opportunités peuvent se présenter : une rencontre avec un professeur qui a décelé un fort potentiel, la connaissance de mentors éclairants et la découverte d’un nouvel univers sont des perspectives qui peuvent guider des individus vers l’accomplissement de choses remarquables (Gauvrit et Clobert, 2021).

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L’importance des liens affectifs

La nature des relations entretenues avec les proches est fondamentale, car elle contribue à développer une image positive de soi et une confiance en ses capacités. Le soutien émotionnel est un aspect à ne pas négliger (Gauvrit et Clobert, 2021).

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Un cadre environnemental favorable 

Les recherches scientifiques qui étudient les déterminants de l’intelligence mettent en avant l’importance des facteurs environnementaux.  Concrètement, un enfant qui évolue dans un cadre qui favorise le développement de ses aptitudes cognitives et langagières (accès à des ressources culturelles, éveil de la curiosité, investissement des parents…) constitue une chance indéniable (Gauvrit et Clobert, 2021).

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Parvenir à transformer son potentiel

Joseph Renzuli est un psychologue américain spécialisé dans le haut potentiel intellectuel. Durant sa carrière, ses travaux se sont entre autres basés sur l’étude des facteurs qui peuvent expliquer l’accomplissement de tâches remarquables. Dans cette optique, il a développé un modèle théorique pour tenter de comprendre ce phénomène.

 

Selon le paradigme de Joseph Renzulli, un achèvement extraordinaire résulte d’une association de trois facteurs. En premier lieu, il y a les dispositions intellectuelles de l’individu concerné.  Ensuite, il faut posséder une aptitude élevée en matière de créativité et enfin, il faut être surinvesti dans la tâche. En résumé, pour accomplir quelque chose de remarquable, il faut être doué intellectuellement, rigoureux, sur motivé, tenace et innovant. À toute époque, les inventions les plus brillantes ont été conçues par des personnes obstinées par leur réalisation. L’achèvement d’une tâche passe nécessairement par une propension à beaucoup travailler (Gauvrit et Clobert, 2021).

Le haut potentiel émotionnel (HPE)

LE HPE

Qu’est-ce que le HPE ? 

Actuellement, il y a peu de recherche dans la littérature sur cette thématique du haut potentiel émotionnel. C’est la raison pour laquelle les éléments concernant le HPE sont mentionnés au conditionnel.

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Une personne ayant un haut potentiel émotionnel se distinguerait par une habileté à repérer et réguler avec justesse ses émotions. De plus, elle possède la faculté de discriminer finement les ressentis d’autrui sur le plan affectif. Un haut potentiel émotionnel pourrait être caractérisé comme étant une forme d’intelligence élevée. Néanmoins, un individu avec un HPE ne disposerait pas nécessairement de capacités cognitives supérieures à la moyenne. D’après certains sites internet, les personnes avec un HPI représenteraient 2,3 % de la population française.

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Quels sont les critères d’identification d’un haut potentiel émotionnel 

Il n’existe pas encore de normes scientifiques officielles pour déceler un HPIE.  

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Comment savoir si l’on possède un HPE ?

Il y a des psychologues qui proposent des bilans psychologiques adaptés qui permettraient de déceler un HPE. Toutefois, comme il n'existe pas encore de normes,  chaque professionnel semble s’appuyer sur une démarche singulière pour identifier une personne qui disposerait d'un HPE.  La mesure de l’intelligence émotionnelle peut notamment s’effectuer par le biais de tests qui calculent un quotient émotionnel.

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Le quotient émotionnel (QE) , de quoi parle-t-on ?

L’intelligence émotionnelle est un concept qui a été développé vers la fin du XXe siècle par un chercheur et psychologue américain qui se nomme Goleman. D'après ses travaux, le modèle théorique de l’intelligence émotionnelle s’articule autour de cinq grandes composantes qui sont « la connaissance des émotions » ; « la maîtrise des émotions » ; « l’auto-motivation » ; « la perception des émotions d’autrui » ; « la gestion des relations humaines » (Goleman, 1997). Ce modèle ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique. 

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Les instruments qui permettent d’évaluer un quotient émotionnel reprennent en général les grandes dimensions du modèle de l’intelligence édictée par Goleman. L’EQI est un test qui a été développé en 1997 par un chercheur et psychologue qui se nomme Bar-On. Cet outil a fait l’objet de nombreuses révisions.  Il semble faire l’unanimité auprès d’un grand nombre de chercheurs. C’est un des instruments les plus utilisés, il évalue de nombreuses compétences émotionnelles comme : la conscience émotionnelle, l’empathie, les relations humaines, la capacité à résoudre des problèmes, la gestion du stress.

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Être HPE : un atout ou une faiblesse ?

L’expérience de tout à chacun est singulière. Le HPE peut être vécu comme un atout ou une faiblesse. Là encore, tout dépend comment la personne va s’approprier cette différence. Les croyances et les représentations de la personne sur le sujet peuvent avoir une influence majeure.

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Une personne ayant un HPE disposerait de certains atouts.

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  • Une conscience émotionnelle élevée : il s’agit d’une aptitude à discerner avec justesse ce que l’on ressent et de communiquer de cet état émotionnel auprès d’autrui avec une certaine habileté.

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  • Empathie accrue : elle fait référence à la capacité à identifier et à saisir les ressentis d’autrui dans une situation donnée sans toutefois se laisser déborder par ces émotions.

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HPE et hypersensibilité

Comme pour les personnes ayant un haut potentiel intellectuel, un individu disposant d’un haut potentiel émotionnel ne manifesterait pas nécessairement une sensibilité exacerbée que ce soit sur le plan sensoriel ou émotionnel. 

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Les bienfaits d’une intelligence émotionnelle élevée

« L’intelligence émotionnelle correspond à la façon dont nous identifions, comprenons, exprimons et écoutons, régulons et utilisons nos propres émotions, ainsi que celles des autres » (Bustin et Quoidbach, 2017, p.44). D’après les recherches scientifiques, le fait d’utiliser à bon escient ces facultés émotionnelles à un impact sur le quotidien d’une personne (Cela peut concerner la santé psychique et physique mais il peut y avoir également des répercussions sur la sphère sociale et professionnelle).

 

Ainsi, les individus dotés d’une intelligence émotionnelle élevée auront davantage confiance en eux et en leurs possibilités. Le risque d’être confronté à une maladie se trouve quant à lui également réduit. Enfin, la consommation de médicaments est par ailleurs, nettement moins importante. Ce phénomène s’explique notamment par le fait que les personnes disposant de compétences émotionnelles élevées ont un organisme qui sécrète moins d’hormones  face à des situations stressantes.

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Pour ce qui concerne la sphère sociale, les personnes qui possèdent d’importantes facultés en matière d’intelligence émotionnelle présenteront de meilleures aptitudes pour gérer les conflits. Ils auront également une certaine aisance pour nouer des liens durables. Cela constitue un atout indéniable en ce qui concerne les relations affectives, car elles perdureront longtemps. Les personnes ayant des compétences émotionnelles élevées seront avantagées à l’école et au sein de leur entreprise. En effet, les élèves concernés auront de meilleurs résultats scolaires. En outre, sur le lieu de travail, les managers auront moins de chances d’être confrontés à une pathologie telle que le burnout (Bustin et Quoidbach, 2017).

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